Le Sénégal avait pris les devants pour circonscrire la propagation du Coronavirus sur son territoire. Vingt et un jours après l’apparition du premier cas déclaré sur le sol sénégalais, l’état d’urgence et déclaré. Ainsi, les rassemblements sont interdits, les écoles fermées. Idem pour l’espace aérien et les frontières terrestres et maritimes. Il s’agissait pour notre pays, de danser plus vite que cette maladie qui avait déjà montré qu’elle peut se jouer des plateaux techniques les plus performants.
Le Sénégal n’étant pas dans le cercle des pays les plus équipés en médecine, la bataille de la prévention devait coûte que coûte être gagnée. C’est d’ailleurs la recommandation du Comité national de gestion des épidémies dont les avis étaient très écoutés par le président de la République.
Dans sa tenue de chef, Macky Sall entame des consultations sans discrimination aucune pour ne pas dire que toutes les couches de la population ont été reçues au Palais. Même ses opposants les plus hostiles ont accepté de le rencontrer au nom de la lutte contre un ennemi commun : la COVID-19.
L’Assemblée nationale vote une loi d’habilitation pour lui permettre de prendre les décisions qui siéent dans les meilleurs délais. Un chef d’Etat sénégalais n’a jamais été aussi soutenu dans une crise que Macky Sall. Preuve de cette carte blanche donnée au régime en place au début de la lutte, les violences policières contre les récalcitrants au premier jour du couvre-feu ont presque été approuvées par la majorité des sénégalais. Le président de la République avait les coudées franches pour bouter hors de nos frontières le coronavirus.
Mais il est vite rattrapé par la situation économique difficile d’un pays pauvre très endetté.
Le tissu économique national étant dominé par le secteur informel, le confinement pourtant réclamé par une partie de la population ne pouvait être envisagé au risque de plonger des millions de famille dans une dèche sans précédent. En plus de mettre en place un plan d’accompagnement des familles les plus vulnérables, avec au moins une enveloppe de 69 milliards FCFA, décision a été prise le 11 mai d’alléger les mesures restrictives pour permettre à l’économie nationale de reprendre timidement son souffle. Visiblement, c’est ce qu’il ne fallait pas faire.
Aux yeux de beaucoup de sénégalais, l’État avait montré les signes d’une démission face à un virus qui ne disait pas son dernier mot. Du 02 mars au 11 mai, c’est-à-dire en 70 jours, 1886 cas avaient été recensés. Or, en 50 jours, la courbe est passée de 1886 patients déclarés positifs le 11 mai à 6586 le 28 juin, donc 4700 cas supplémentaires. Rien que pour le mois de juin, 72 décès ont été enregistrés, soit une moyenne de deux morts par jour. Un record depuis le début de l’épidémie dans notre pays.
Il est certes à noter la multiplication des tests de diagnostic mais ces chiffres sont révélateurs de la propagation fulgurante de la maladie dans la population d’où l’emploi de l’expression transmission par voie communautaire dans les communiqués quotidiens du ministère de la Santé. Cette dissémination va avec son corollaire, l’augmentation des cas graves et des décès.
La situation est devenue tellement incontrôlable que la réouverture des classes pour les élèves en classe d’examen programmée initialement le 02 juin, sera reportée au 25 du même mois. Apparemment pour le gouvernement du Sénégal, il faut sauver l’année scolaire, quel que soit le prix à payer.
En même temps, les hôpitaux n’ont plus de places pour accueillir les nouveaux malades. Des sites sont aménagés pour la prise en charge des cas dits asymptomatiques. Seulement, depuis quelques jours, ces sites ont atteint leur capacité d’accueil.