Dakar est d’ordinaire une ville sale. À chaque lendemain de Tabaski, la situation empire. N’eut été l’intervention de l’Unité de coordination et de gestion des déchets solides (Ucg), la capitale sénégalaise ploierait sous les ordures plusieurs semaines après la fête. Pour 2018, les équipes de Madani Sy, président de l’Ucg et secrétaire général du Syndicat des travailleurs du nettoiement, ont débuté très tôt les opérations de nettoiement. Bilan d’étape.?
« Qui dit Tabaski dit surproduction d’ordures, occupation anarchique de la voie publique par les commerçants et les populations. Cela fait plus de 10 jours (l’entretien a eu lieu hier, jeudi 23 août, Ndlr) que nous avons entamé le système ‘Avant, Pendant et Après’. Depuis hier (jour de la Tabaski) les techniciens de surface ont effectué un travail remarquable. Ils ont passé la Tabaski dans les ordures au moment où nos concitoyens célébraient la fête chez eux. Les gros tas qui jonchaient certains artères et marchés ont été éradiqués. Aujourd’hui, nous sommes en train de tout faire pour atteindre notre vitesse de croisière.
12 jours, plus de 26 000 tonnes
« Chaque jour nous ramassons 2400 tonnes de déchets. Donc les 10 jours qui ont précédé la Tabaski ce sont plus de 20 000 tonnes qui ont été enlevés. Entre le jour de la Tabaski et aujourd’hui c’est presque 6000 tonnes qui ont été enlevées, sans compter la banlieue. La première phase consistait à faire la collecte porte à porte régulière pour enlever les ordures des ménages. Parce que si elles ne sont pas enlevées elles deviennent des dépôts sauvages au niveau des grandes artères. La deuxième phase c’est la mécanisation qui consiste à user de pelles mécaniques et camions à ciel ouvert pour éradiquer certains tas d’immondices dans certains foirails et marchés. Nous avons eu d’énormes difficultés hier au niveau du terrain de Niary Tally qui a été un centre de transfert des charretiers. Nous avons mis dessus une vingtaine de véhicules. Mais puisqu’il y a eu un déguerpissement sur ce terrain, il a fallu que la gendarmerie de l’environnement vienne nous porter secours. Car il y avait de l’insécurité. Et aujourd’hui nous avons repris la collecte porte à porte, le balayage, le raclage pour que Dakar retrouve très vite son lustre.
Après la carotte, le bâton
« Aujourd’hui le cadre de vie est dégradé par une certaine frange de la population qui ne respecte pas le code de l’hygiène et de l’environnement. Sans compter cette absence de synergie entre les collectivités locales et les travailleurs de l’Ucg que nous sommes (…) Nous avons un problème de comportement au Sénégal. Nous avons négocié jusqu’ici. Mais à présent il faut faire de la répression pour que le code de l’hygiène et de l’environnement soit appliqué puisque le dépôt d’ordures sur la voie publique est un délit. Il y a un laisser-aller et un manque de civisme chronique. En tant que travailleurs, il nous faut l’appui des autorités.
Les techniciens de surface méritent respect et considération. Ils ont fêté la Tabaski dans les ordures. Et cela c’est du mérite. Aujourd’hui, lendemain de la Tabaski, c’est un jour ouvrable pour nous. Nous sommes sur le terrain pour montrer que nous avons pris des engagements qu’on va continuer à assumer. Malgré la volonté des techniciens de surface, s’il y a des ruptures dans la mise à disposition du petit matériel ça pose problème. Mais c’est parce que nous aimons ce pays et ce métier que nous le faisons. De plus, rien ne vaut la propreté. »
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